Jornal LIBÉRATION


Fin de siècle

Faure Antoine (étudiant) 18.09.97

Étudiant en echange dans une université americaine, je ne peux que me feliciter de suivre jour aprés jour l'evolution du dossier Diana d'un oeil lointain et imprecis, ne me fiant qu'a ses retombées mediatiques dans une presse que l'on dit serieuse. Car sans même avoir accès aux journaux people, je dois avouer que mon pays me manque bien peu. Moins en tout cas que je ne l'aurais imaginé.

Il ne me semble pas que Voici ait été la seule publication à s'apesantir durant de longues semaines sur le bien attristant decés d'une princesse a soldats, qui ne meritait pas plus que n'importe qui de mourrir a 36 ans, ou d'accaparer ce faisant l'attention toute entière d'un pays distant de moins de 500 km d'une terre ou l'on decapite des bébés a la hache. Je vois dans les circonstances de la mort de Diana et dans celles du massacre des martyres algèriens deux anachronismes éffrayants ; une certaine idée de la France et des français m'aurait à priori persuadé que l'Hexagone s'indignerait, voire reflechierait à l'unisson sur l'horreur et l'épais mystère qui nimbent aujourd'hui le cas algèrien. Un sujet si dense appellait autant à vibrer qu'à penser ceux qui se reclament, et j'en suis, d'un pays civilisé dans bien des sens du terme.

Je suis infiniement peine aujourd'hui de constater que l'Équipe demeure le seul quotidien (journal?) de France à respecter certains principes liés à la hierarchie de l'information. Peine aussi de constater par quels affligeants tours de force rhetoriques les éditorialistes et responsables de l'ensemble de la presse de mon pays ont demissionné de leurs responsabilités les plus elementaires, pour mieux justifier la place accordée à la mort de l'ex-femme du prince de Galles dans leurs tribunes : Diana fut ainsi bombardée symblole de la chute des monarchies, leader de la renaissance d'une solidarité universelle grace à l'action l'humanitaire, archetype de la femme entreprenante et passionnée son temps, victime d'une fin de siècle sans foi ni loi...

Le comportement le plus cynique que j'ai pu relever dans la course effrenée à la vente de papier sur le decés de Lady Di n'est certes pas celui des tabloids, quand bien même ils sont tous montrés du doigt a la suite d'un bien malheureux concours de circonstances. Je ne crois d'ailleurs pas que ce soit un paparazzo qui ait fait boire l'equivalent de six ou sept bières ce soir-là au chauffeur de Diana.

Ce qui me fait bondir, c'est la mission d'information des medias respectés de mon pays, presse ecrite et television confondus, devoyée à volonté à l'heure ou est ferré le bon coup, celui qui fait vendre. On cautionne un debat d'envergure nationale sur un fait divers dont l'interet absolu, en termes d'information, est passablement incertain. Et l'on ose demander des comptes (voire des têtes), en oies blanches ontologiquement investies du pouvoir de decider de ce que sont l'abus et l'obscenité, aux egouttiers dont le metier a toujours été de (bien) gagner leur vie sur le rebut que jamais leurs procureurs d'aujourd'hui ne se seraient abaissés à traiter.

Ce qu'il faut lire en filigrane dans l'opprobe dont les medias respectables couvrent actuellement la presse people, c'est plus la denonciation d'une concurrence deloyale que les propos des garants d'une certaine ethique journalistique. Quand au soi-disant debat sur l'origine de la 'gangrene sociale' qu'est la presse people, s'il est de la portée de la question de l'oeuf et de la poule (qui est responsable?), il a le merite d'ecarter le bon peuple de France des questions qu'il pourrait legitimement se poser a propos de certains pesants donneurs de leçons.


Libé : la HONTE!

Pab A.G. (Journaliste) 22.09.97 

Mais quel culot! Vous pensez ne pas faire partie de la presse à scandale après tout ce que vous avez fait??? Je suis un très assidu lecteur et même défenseur de Libé, mais là vraiment je suis dégoûté de votre traitement de l'information. D'abord il y a eu la photo en une de la fiancée de Miguel Angel Blanco, puis les victimes des incendies en détresse, maintenant ça : 10 pages d'événement, plus trois Une. En plus dans vos articles c'est le comble, 'dans la rubrique 'surprise' des réactions signalons Benjamin Netanyahu et Margaret Thatcher', non mais! vous les prenez pour des terroristes ou quoi? Je sais qu'ils ne sont pas dans la même 'lignée éditoriale' que vous, mais tout de même, un peu de respect pour des chefs de gouvernement... Vous vous êtes, par vos choix (et le journalisme c'est essentiellement une proffession de choix) placés carrément dans les 'frontières' de la presse people, vous avez choisi leur attitude. Et cela n'est pas une opinion, c'est un fait; il suffit de vous lire pour s'en rendre compte. A mon avis, c'était un manque de respect énorme vis-à-vis de vos lecteurs.


Diana vaut des millions d'algériens ...

V.LASSERRE (ETUDIANT) N.Y. U.S.A. 12.09.97

La mort d'une personne, c'est toujours très triste . Il est normal que les medias se soient fait l'echo de ce tragique accident de la circulation. il est choquant d'accuser la presse de tous les maux car les premiers a lui tirer dessus sont les premiers à acheter leurs croustillants reportages. En mourant, Diana empeche desormais des millions de pauvres gens de s'identifier a sa vie (quelle tragedie!!!!!!). Le plus tragique , ce n'est pas la mort d'une pauvre princesse (pauvre: au sens où elle fut longtemps triste avec son ancien mari) mais le boycott des medias sur un sujet relativement banal (accident de la circulation) Pendant ce temps,on ne tue plus personne en Algerie. C'est formidable !!!! Il est vrai que la mort d'une femme algerienne c'est beaucoup moins vendeur que la mort d'une femme célèbre. Honte ànous ,honte aux declarations du ministre de l'Interieur,et jugeons vite les criminels photographes. Le peuple sera content... Au fait ! Lorsqu'on voit a la television des photos d'algeriens egorgés on trouve ça presque normal , mais penser que des photographes aient pris des clichés de Diana morte : OH MY GOD! ET SURTOUT, GOD SAVES CHARLES


France-Soir et la tartufferie

Conrotte Yves (Employé)  20.09.97

Il faut l'avoir entendu pour le croire : d'après le directeur de France-Soir, ce journal a publié la pseudo-photo de Diana blessée pour ouvrir le débat de la fiabilité des informations publiées sur le net!!!!!!

Non, ce ne serait donc pas pour s'en mettre plein les poches avec une photo qu'ils n'ont même pas payés.

Rendons grâce à France-Soir et à son désormais célèbre directeur d'avoir su recentrer le débat; il n'y a pas de presse-caniveau et de lectorat avide, pas de papparazzi, de médias plus respectables fonctionnant suivant les mêmes ressort (télévisions), la voiture roulait en fait à 50 km et était pilotée par un ascète. Par contre, qu'une photo obscène soit publiée sur Internet par un site spécialisé dans ce genre de documents douteux (c'est un euphémisme), voilà le vrai scandale. Rappelez-vous, sur le Net, on trouve déjà les néo-nazis, les pédophiles, les drogues et les médicaments en vente libre; on les trouve là et nulle part ailleurs bien entendu !

La tartufferie et le surréalisme ont décidément encore de beaux jours ou de beaux (france)soirs devant eux.

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